En matière de prurit, on ne trouve souvent aucune cause ; il importe cependant de vérifier s’il n’est pas provoqué tout d’abord par un médicament, mais aussi par une réaction au soleil, une piqûre d’insecte, une dermite séborrhéique, une folliculite, un psoriasis ou une gale. Parfois, mais rarement, il peut s’agir d’un symptôme d’une maladie générale : hépatite virale, tuberculose, syphilis, lymphome, neuropathie périphérique, diabète, déficit en vitamine B12.
De même, il importe de rechercher des facteurs favorisant le prurit : c’est le cas de causes favorisant la sécheresse de la peau : l’eau chaude, certains savons, les déodorants, les bains moussants, l’eau de la piscine.

La conduite à tenir du point de vue du traitement du prurit peut être la suivante :
Comme le prurit peut favoriser l’apparition de lésions de grattage au niveau de la peau et que certaines peuvent auto-entretenir le prurit, il est conseillé de se couper et de se limer les ongles régulièrement.
L’apport en vitamine E (un traitement anti-oxydant qui, par ailleurs, est intéressant comme traitement complémentaire du VIH), en quantité suffisante (Toco 500® : 1 comprimé trois fois par jour) et pendant plusieurs mois, a donné parfois de bons résultats (il importe, pour les traitements prolongés par de la vitamine E, de vérifier que le Taux de Prothrombine, ou TP, soit supérieur à 75%).
De même, le sélénium, un autre auto-oxydant (et dont l’action sur le VIH nous semble très importante) est conseillé à raison de 2 granions de sélénium chaque matin. Certains conseillent même des applications directement sur la peau avec un coton.
Concernant d’autres traitements locaux : l’amidon et l’huile de Cade, extraite de l’écorce de genévrier (Caditar soluté, mais pas sous la forme shampooing) : ce mélange peut être utilisé dans le bain ou en application locale après la douche, dans le cas où un prurit est déclenché par la prise d’un bain ou d’une douche (ou s’il survient indépendamment d’un contact avec de l’eau).
Parfois, un traitement local pris régulièrement est conseillé ; il s’agit d’un mélange parfois très efficace, à réaliser dans une bouteille d’un litre : mettre l’équivalent d’une hauteur d’1 cm d’amidon de blé (vente en pharmacie), un flacon de 45 ml d’ATS solution* (il s’agit d’un antiseptique), un flacon de Diprosone lotion 0,05%, un bouchon de Caditar soluté, et terminer en remplissant la bouteille d’eau. Il faut ensuite bien agiter jusqu’à ce que le mélange devienne vert, et s’en badigeonner régulièrement le corps.
Parfois, il faut avoir recours aux antihistaminiques (comme Zyrtec®, Clarityne®, etc.) qui, parfois, doivent être pris en continu (attention : certains antihistaminiques sont contre-indiqués en association avec certaines anti-protéases utilisées dans le cadre des trithérapies). Un autre antihistaminique peut être utile : l’Atarax®, à prendre le soir car il peut induire une somnolence (il est conseillé de débuter par les plus petites doses). L’utilisation d’un traitement par Ultra-Violet (UV) est parfois conseillé.
Concernant, enfin, la sécheresse de la peau, on peut opérer des applications de laits hydratants ou d’huiles pour le corps, qui sont un peu plus grasses (le soir ou après le bain ou la piscine). On peut conseiller l’utilisation de savons surgras ou de savons sans savon. On peut utiliser aussi de l’huile d’amande douce dans l’eau du bain.

Pour essayer d’être le plus complet possible, nous terminerons en indiquant que la sécheresse cutanée chronique favorise l’apparition d’eczémas qui sont souvent prurigineux et qui nécessitent, parfois, l’utilisation de corticoïdes en crème (l’utilisation prolongée est à éviter car elle entraîne une dépendance et parce que son effet sur les défenses immunitaires est controversé).

 

Drs J. Avicenne
Conseillers médicaux de POSITIFS

* L’ATS n’étant plus disponible dans certains pays, elle peut être préparée par un pharmacien : acide trichloracétique (3,6g/100ml), acide salicylique (0,6g/100ml), excipients (80ml/100ml de glycérol, 20ml/100ml de propylène glycol).