Cette conférence sur les rétrovirus et les maladies opportunistes s’est dérouléé de manière virtuelle entre le 10 et 17 Mars 2021. Positifs n’y a pas participé et fournit les informations transmises par aidsmap.com .Parmi les résultats les plus marquants’ il faut noter une nouvelle classe d’antiviraux: inhibiteur de la capside du VIH(lénacapavir) qui pourra être utilisé pour des virus multirésistants et  deux tentatives de vaccins anti HIV.  Il faut rappeler qu’il existe déjà un  vaccin Tat Oyi éfficace  de la société Biosantech qui est bloqué  depuis 4 ans après la phase2, en dépit des décisions de justice, par cupidité et malhonnêteté criminelle par  l’experimentateur Erwann Loret. Il est aussi confirmé que l’allègement thérapeutique ( 4jours / 7) et aussi éfficace que le traitement journalier. Il serait enfin temps de le mettre en place systématiquement pour limiter la toxicité des antiviraux et arrêter d’engraisser Bigpharma.

 

Dr Beatriz Mothe (en bas à gauche) présente à la CROI 2021.
Un vaccin thérapeutique se montre prometteur pour contrôler le VIH hors traitement
Un vaccin thérapeutique a permis à certaines personnes séropositives d’interrompre leur traitement pendant au moins 22 semaines et de maintenir une charge virale très faible, a déclaré le Dr Beatriz Mothe, de l’Institut de recherche sur le sida IrsiCaixa, à Badalona, en Espagne, lors du Congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021).

Le vaccin thérapeutique HTI a été conçu grâce aux études sur les «contrôleurs d’élite» (les personnes qui contrôlent le VIH pendant de longues périodes sans avoir besoin de traitement). Ces études ont identifié les réponses immunitaires des cellules TCD4 et TCD8 correspondants aux régions spécifiques du VIH qui sont associées au contrôle viral. Le vaccin est conçu pour stimuler des réponses similaires.

Le Dr. Mothe a présenté les résultats de l’essai d’innocuité de phase I/IIa AELIX-002 du vaccin chez les personnes séropositives. Les participants avaient commencé un traitement antirétroviral moins de six mois après l’acquisition du VIH et présentaient une charge virale indétectable depuis au moins un an et un taux de CD4 supérieur à 400 depuis au moins six mois.

Dans la première phase de l’étude, les 45 participants ont été randomisés pour soit recevoir huit doses de vaccin sur une période de 18 mois, soit des placebos. Certaines doses délivraient l’immunogène des cellules T HIVACAT (HTI) avec un vecteur ADN, un vecteur MVA ou un vecteur à adénovirus modifié de chimpanzé.

Dans la deuxième phase, les participants ont été invités à interrompre leur traitement pendant 24 semaines pour évaluer l’impact de la vaccination sur le contrôle viral et 41 personnes l’ont fait. La charge virale et le nombre de cellules CD4 ont été surveillés toutes les semaines. Si la charge virale dépassait 100 000 copies/ml à un moment donné ou dépassait 10 000 copies/ml pendant plus de 8 semaines, ou si le nombre de cellules CD4 tombait en dessous de 350 cellules deux fois de suite, le traitement était repris immédiatement.

La charge virale a rebondi chez tous les participants, généralement dans les deux ou trois semaines suivant l’arrêt du traitement, mais elle n’a pas atteint les niveaux antérieurs au traitement chez la majorité des participants. Huit participants ont pu arrêter le traitement jusqu’à la 22ème semaine. Cinq personnes vaccinées et une personne qui avait pris un placebo ont maintenu une charge virale inférieure à 2000 copies/ml pendant toute la durée de l’interruption du traitement.

Les implications pour la santé d’un contrôle viral prolongé à un niveau faible mais détectable ne sont pas claires, et l’objectif ultime des études de guérison fonctionnelle est de maintenir le taux de VIH en dessous de la limite de détection sans traitement. Toutefois, les résultats de l’étude ont été salués par le professeur Adeeba Kamarulzaman, président de la Société internationale du sida, comme « la première démonstration que chez les personnes séropositives la stimulation des cellules T spécifiques du VIH peut contribuer aux stratégies de guérison ».

Une « guérison fonctionnelle » – la suppression indéfinie du VIH sans traitement antirétroviral – nécessitera probablement une approche combinée, par exemple en associant ce vaccin à d’autres agents. Une étude associant ce régime de vaccination au vésatolimod, l’agoniste TLR-7, est en cours.

 
Dr Ming Lee (à droite) présente à la CROI 2021.
Des conditions de santé sous-jacentes sont à l’origine d’un risque accru d’hospitalisation liée au COVID 19
Des taux d’hospitalisation plus élevés ou de plus mauvais résultats après l’admission pour COVID-19 chez les personnes séropositives s’expliquent en partie par les problèmes de santé sous-jacents, en particulier les maladies cardiaques et rénales, ont révélé deux études du Royaume-Uni et des États-Unis présentées à la CROI 2021.

Les recherches menées au Royaume-Uni ont révélé que le risque plus élevé de COVID-19 chez les personnes séropositives était entièrement attribuable aux problèmes de santé sous-jacents et à une plus grande fragilité physique. En revanche, l’étude américaine a révélé une augmentation faible mais statistiquement significative du risque d’hospitalisation, même après avoir tenu compte de certaines conditions sous-jacentes. Des différences de méthodologie pourraient expliquer ces conclusions divergentes.

L’étude britannique s’est portée sur les personnes séropositives admises avec le COVID-19 dans l’un des six hôpitaux de Londres, Leicester et Manchester et les a comparées avec des personnes séronégatives par hôpital, âge, sexe, date de diagnostic du COVID-19 et indice de privation.

Les personnes séropositives étaient significativement plus susceptibles d’être noires ou d’origines ethniques et avaient un score médian de fragilité clinique plus élevé. Plusieurs comorbidités fortement associées à une moins bonne évolution du COVID-19 étaient significativement plus fréquentes chez les personnes séropositives, notamment les insuffisances rénales terminales, les insuffisances rénales chroniques et les cirrhoses du foie.

Après leur admission à l’hôpital, les personnes séropositives étaient  43 % moins susceptibles de connaitre une amélioration d’au moins deux points sur l’échelle de gravité du COVID, mais elles ne présentaient pas de risques plus élevés de décès dans les 28 jours suivant le diagnostic. Toutefois, dans une analyse multivariée ajustée pour tenir compte des facteurs de confusion, notamment l’indice de masse corporelle, la fragilité clinique, l’origine ethnique, l’hypertension, le diabète et l’insuffisance rénale chronique, le statut sérologique a cessé d’être un facteur de risque d’absence d’amélioration.

L’étude américaine s’est penchée sur les risques de maladie grave du COVID-19 chez les personnes séropositives et les personnes ayant reçu une greffe d’organe solide dans 39 hôpitaux des États-Unis.

Le taux d’hospitalisation était plus élevé chez les personnes séropositives (48,5 %), les personnes greffées (63,8 %) et les greffés séropositifs (70,3 %) par rapport aux personnes séronégatives (30,6 %).

En présentant les résultats, le Dr Jing Sun de l’Université Johns Hopkins de Baltimore a déclaré que, malgré la réduction de l’effet VIH sur le risque d’hospitalisation une fois l’analyse ajustée pour tenir compte de la présence de comorbidités, ils ont tout de même constaté que les personnes séropositives aux États-Unis couraient un risque accru de COVID-19 grave.

 
 

Jeff Berko (à droite) présente à la CROI 2021.

La dépression et l’anxiété peuvent s’améliorer grâce à des cours audio de mindfulness
Les cours audio de pleine conscience (aussi appelé mindfulness) en ligne peuvent améliorer considérablement la dépression, l’anxiété et la solitude chez les personnes âgées séropositives, selon une étude randomisée présentée à la CROI 2021. C’est peut-être la première fois que cet effet est démontré par la recherche.

La pratique de la mindfulness implique des méthodes de respiration, d’imagerie guidée et d’autres pratiques visant à détendre le corps et l’esprit et à réduire le stress.

Les chercheurs ont travaillé à partir d’une étude de cohorte observationnelle existante de personnes séropositives aux États-Unis âgées de plus de 50 ans. Dans cette cohorte, 21 % ont déclaré souffrir de dépression, 21 % d’anxiété et 51 % de solitude.

L’essai contrôlé randomisé a été mené entre mai et août 2020, pendant l’épidémie de COVID-19. L’étude a comparé les cours audio de mindfulness en ligne à l’absence d’intervention. Les personnes du groupe d’intervention ont eu 25 jours pour écouter 14 leçons de mindfulness.

Les taux de dépression se sont améliorés de 2,6 points dans le groupe d’intervention, par rapport à celui de non-intervention, et les taux d’anxiété ont diminué de 1,5 point. Les résultats relatifs à la solitude étaient mitigés. Concernant la solitude au cours des deux semaines précédentes, aucun changement notable n’a été observé entre les deux groupes d’étude. Cependant, le signalement de la solitude dans les journaux de bord tenus au quotidien a notablement diminué.

 
 

Professeur Sorana Segal-Maurer (à droite) présente à la CROI 2021.

Un inhibiteur de la capside du VIH offre une nouvelle option aux personnes atteintes d’un VIH très pharmacorésistant
Selon une étude présentée à la CROI 2021, le lénacapavir, un inhibiteur expérimental de la capside du VIH, a entraîné une réduction rapide de la charge virale chez des personnes très habituées aux traitements et présentant un virus multirésistant.

Le professeur Sorana Segal-Maurer de l’hôpital presbytérien de New York Queens a présenté les résultats de l’essai CAPELLA de phase II / III, qui a recruté 72 personnes dont le VIH était résistant à au moins deux médicaments appartenant à trois des quatre principales classes d’antirétroviraux.

Les 36 premiers participants ont été répartis au hasard pour ajouter à leur traitement défaillant soit du lénacapavir oral, soit un placebo, et ce pendant 14 jours. Ensuite, tous se sont vus proposer un traitement ouvert au lénacapavir, administré par injection sous-cutanée tous les six mois, ainsi qu’un traitement de fond optimisé, sélectionné à la suite d’un test de résistance. 36 autres personnes dans une cohorte non randomisée ont reçu du lénacapavir et un traitement de fond optimisé dès le départ.

À la fin de la période initiale de 14 jours, 88 % des participants du groupe lénacapavir ont enregistré une baisse d’au moins 0,5 log10 de la charge virale, contre seulement 17 % des participants du groupe placebo. À la fin février, 26 participants avaient reçu une injection et avaient été suivis pendant 26 semaines, et 19 d’entre eux (73 %) avaient atteint la suppression virale (moins de 50 copies/ml).

Sur la base de ces résultats, les chercheurs ont conclu que le lénacapavir pourrait devenir un agent important pour les personnes ayant reçu un traitement lourd et présentant un VIH multirésistant.  Le lénacapavir a également le potentiel d’être un élément des traitements antirétroviraux à action prolongée pris tous les six mois ou d’être utilisé seul en PrEP à action prolongée.

 
 

Le Professeur Raphael Landovitz présente à la CROI 2021.

La PrEP injectable peut rendre les infections difficiles à détecter
L’étude HPTN 083 sur la PrEP a comparé l’efficacité d’une injection bimensuelle de cabotégravir à celle de pilules de fumarate de ténofovir disoproxil et d’emtricitabine (TDF/FTC) prises tous les jours par voie orale et a publié ses principaux résultats en 2020. Une nouvelle analyse des résultats, présentée à la CROI 2021, a confirmé qu’il y avait 68 % moins d’infections au VIH chez les personnes ayant reçu les injections par rapport aux pilules.

L’étude a examiné en détail les 12 infections par le VIH chez les personnes ayant reçu des injections de cabotégravir. La majorité des infections par le VIH peuvent être expliquées comme étant des infections survenues juste avant le début de la PrEP, des infections survenues juste après le début de la PrEP lorsque le taux de médicament était faible, ou des infections survenues après l’arrêt de la PrEP.

Cependant, certains des cas de référence n’ont pas été identifiés avant plusieurs semaines ou mois. Cela suggère que le cabotégravir injecté pourrait retarder la détection du VIH. En effet, les tests d’anticorps ont indiqué des résultats négatifs, mais les tests rétrospectifs d’échantillons sanguins ont identifié que l’infection s’était produite plus tôt. Une approche future possible consisterait à faire des tests de charge virale réguliers ainsi que des tests d’anticorps pour dépister les infections au VIH.

En outre, quatre personnes ont été testées positives au VIH alors qu’elles recevaient des injections de cabotégravir et présentaient une concentration de médicament qui auraient dû les protéger.

Le professeur Raphael Landovitz a déclaré que la survenue d’une infection malgré des concentrations de cabotégravir conformes était préoccupante et que des recherches supplémentaires étaient en cours, par exemple sur les variations dans la concentration du cabotégravir d’un organisme à l’autre.

En revanche, aucune résistance n’est apparue chez les personnes ayant reçu un taux faible de cabotégravir dans la phase de post-injection, pas même dans le cas d’un participant qui avait développé une charge virale très élevée.

 

 

 

 

 

 

 

L’approche de l’ARN messager (ARNm) déjà utilisée pour les vaccins très efficaces Pfizer-BioNTech et Moderna COVID-19 s’est également montrée prometteuse pour la protection contre le VIH, selon une présentation du Congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021).

Le Dr Peng Zhang, de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), et ses collègues, en collaboration avec Moderna, utilisent des nanoparticules lipidiques, ou petites particules de graisse, pour délivrer des petits brins d’acide nucléique qui communiquent les instructions pour la fabrication de protéines. L’ARNm est présent dans toutes les cellules et joue un rôle de messager, d’où son nom.

Dans cette étude, sept singes macaques ont reçu l’un des deux régimes de vaccination, tandis que sept autres ont reçu des injections de placebo.

Tout d’abord, trois injections d’un vaccin contenant de l’ARNm pour le VIH de sous-type B, le type prédominant en Europe et en Amérique du Nord, ont été administrés à tous les singes sur 20 semaines. Ensuite quatre injections d’un deuxième vaccin mélangeant l’ARNm des sous-types A et C du VIH, prédominants en Afrique orientale et australe, ont été administrés sur 20 semaines. Trois singes ont également reçu des boosters de protéines.

Les singes ont ensuite été exposés par voie rectale à un virus hybride VIH / SIV chaque semaine pendant 13 semaines.

Les sept animaux du groupe placebo ont été infectés en un mois et demi environ, à partir de la deuxième exposition. Tous les singes vaccinés sont restés indemnes de VIH simien pendant environ le premier mois, mais ont ensuite commencé à être infectés; cependant, quelques-uns n’étaient toujours pas infectés à deux mois, après toutes les expositions.

Il y a eu une réduction de 85% du risque d’infection global: une réduction de 76% pour les singes qui avaient reçu les vaccins ARNm seuls, et une réduction de 88% pour ceux qui avaient reçu les vaccins ARNm plus les rappels.

Le dolutégravir est supérieur au traitement de norme chez les enfants et les adolescents
 
 

Dr Anna Turkova (à gauche) présente à la CROI 2021.

Une grande étude internationale présentée à la CROI 2021 a conclu que le traitement à base de dolutégravir était supérieur au traitement à base d’efavirenz ou d’inhibiteur de protéase potentialisé chez les enfants et les adolescents, que ce soit en traitement de première ou de deuxième intention.

Le dolutégravir, un inhibiteur de l’intégrase du VIH, est recommandé comme élément central du traitement antirétroviral pour tous les adultes dans les pays à ressources limitées. La simplification du traitement pour les enfants et les adolescents s’est avérée plus difficile puisqu’il faut doser les médicaments pour les enfants en fonction de leur poids.  La pharmacorésistance chez les enfants en échec de traitement de première intention rend également les choses plus difficiles.

En 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé le dolutégravir pour les enfants, mais la recommandation était qualifiée de « conditionnelle », ce qui signifie que des données supplémentaires sont nécessaires.

L’étude ODYSSEY a comparé le traitement à base de dolutégravir à la norme de soins pour le traitement de première et de deuxième intention chez les enfants et les adolescents pesant 14 kg et plus. Elle a recruté 311 participants dans le groupe de première intention et 396 dans le groupe de deuxième intention.

Les participants ont été recrutés en Afrique du Sud (20%), en Thaïlande (9%), en Ouganda (47%) et au Zimbabwe (21%), le reste a été recruté en Allemagne, au Portugal, en Espagne et au Royaume-Uni.

Le traitement, parmi les participants randomisés pour recevoir le traitement de norme, était en général à base d’efavirenz pour le traitement de première intention et à base d’inhibiteur de protéase pour le traitement de deuxième intention.

Après 96 semaines de suivi, 14% des participants du groupe dolutégravir et 22% du groupe de soins de norme ont connu un échec clinique ou virologique, une différence statistiquement significative de -8%. Cet effet a été observé pour le traitement de première et celui de deuxième intention.

Il n’y a pas eu de différence dans le nombre de décès ou d’événements cliniques graves entre les deux groupes d’étude, ni dans le nombre d’effets secondaires graves, mais les enfants du groupe de soins de norme étaient plus susceptibles de devoir modifier leur traitement en raison d’un effet secondaire.

«Ces résultats appuient les lignes directrices de l’OMS et la transition vers des traitements à base de dolutégravir pour les enfants sous traitement antirétroviral de première ou de deuxième intention, permettant ainsi une harmonisation avec les programmes de traitement pour adultes», ont conclu les chercheurs de l’étude.

Les personnes atteintes du VIH et de l’hépatite B devraient faire l’objet d’une surveillance continue pour le cancer du foie
 
 

Dr H Nina Kim (au centre à droite) présente à la CROI 2021.

Les personnes séropositives coinfectées d’une hépatite B restent à risque de carcinome hépatocellulaire (CHC) malgré le traitement antiviral et devraient faire l’objet d’un suivi régulier pour le cancer du foie, selon une recherche présentée à la CROI 2021.

Les chercheurs ont examiné les données de 8354 personnes coinfectées au VIH et à l‘hépatite B, couvrant la période de 1995 à 2016. 115 cas de CHC ont été recensés dans ce groupe pendant cette période. Un âge avancé, une forte consommation d’alcool et une hépatite C chronique faisaient partie des facteurs indépendants de risque de cancer du foie. Cependant, il n’y avait pas d’association notable avec la charge virale du VIH ou le pourcentage de CD4.

Les données relatives à la charge virale de l’hépatite B étaient disponibles pour environ deux tiers des participants à l’étude. Dans ce sous-groupe, le fait d’avoir un ADN de l’hépatite B supérieur à 200 UI/ml a presque triplé les risques de CHC, et le risque était plus de quatre fois plus grand pour ceux dont le taux dépassait 20 000 UI/ml.

Si l’on examine l’effet du traitement de l’hépatite B, la suppression soutenue du virus de l’hépatite B pendant un an ou plus a été associée à une réduction de 58 % du risque de CHC, tandis que la suppression pendant quatre ans ou plus a réduit le risque de 66 %.

Présentant les résultats, le Dr H Nina Kim de l’Université de Washington à Seattle a déclaré: « Nos résultats soulignent que le traitement antiviral réduit mais n’élimine pas le risque de CHC. »

Le dépistage ciblé améliore le diagnostic de la tuberculose chez les personnes séropositives en Afrique du Sud
 
 

Dr Limakatso Lebina (en bas) présente à la CROI 2021.

Dépister toutes les personnes séropositives et autres personnes à haut risque pour la tuberculose active a augmenté les taux de diagnostic de 17 % par rapport au dépistage des personnes présentant des symptômes potentiels de tuberculose tels que la toux et la fièvre, a indiqué le Dr Limakatso Lebina de l’Université de Witwatersrand lors du congrès de la CROI 2021.

Environ 150 000 cas de tuberculose passent inaperçus chaque année en Afrique du Sud et des individus meurent ou transmettent la tuberculose à d’autres avant que leur maladie ne soit détectée.

Dans la plupart des pays à ressources limitées, le dépistage de la tuberculose consiste à poser des questions aux individus sur leurs symptômes, ce qui ne permet pas d’identifier les cas de tuberculose chez les personnes sous traitement antirétroviral et très peu chez les femmes enceintes séropositives, où 70 % des cas de tuberculose ne sont pas détectés.

Au cours des 15 dernières années, les bailleurs de fonds internationaux et les gouvernements d’Afrique australe ont investi dans la plateforme de diagnostic GeneXpert. L’utilisation en priorité de cette plateforme pour le dépistage de la tuberculose et le dépistage de toutes les personnes présentant un risque élevé de tuberculose a le potentiel d’améliorer les taux de diagnostic.

L’étude TUTT (Targeted Universal Testing for TB) a été conçue pour déterminer si le dépistage de toutes les personnes séropositives, de toutes les personnes ayant des antécédents de tuberculose au cours des deux années précédentes et de toutes les personnes ayant déclaré avoir été en contact étroit avec une personne tuberculeuse au cours de l’année écoulée permettrait d’augmenter les diagnostics de tuberculose de 25 %.

L’étude a été menée dans des cliniques de soins de santé primaires des provinces de KwaZulu-Natal, Western Cape et Gauteng. Soixante cliniques ont été randomisées pour effectuer un dépistage ciblé ou pour faire le dépistage uniquement auprès des personnes présentant des symptômes. L’étude a permis de recruter 32 000 patients dans les cliniques d’intervention, dont 71 % séropositifs.

Les chercheurs ont calculé que les diagnostics de tuberculose ont augmenté de 17 % dans les cliniques d’intervention par rapport aux cliniques de soins de norme au cours de la période de suivi.

Les réseaux sociaux sont essentiels à l’adoption de la PrEP dans les zones rurales du Kenya et de l’Ouganda
 
 

Dr Catherine Koss (en bas à gauche) présente à la CROI 2021.

Les hommes et les femmes très exposés au VIH étaient 57% plus susceptibles de commencer la PrEP (traitement régulier pour prévenir l’infection par le VIH) s’ils avaient un contact dans leur réseau social qui l’avait déjà pris, a déclaré le Dr Catherine Koss de l’Université de Californie, San Francisco, lors de la CROI 2021.

Le projet SEARCH (Sustainable East Africa Research in Community Health) offre des soins de santé intensifiés, un dépistage universel du VIH, un plus grand accès à la PrEP et un traitement antirétroviral aux communautés rurales du Kenya et de l’Ouganda.

Si on pense que le soutien des pairs peut être un facteur crucial dans l’adoption de la PrEP, on sait peu de choses sur l’influence des réseaux sociaux sur l’adoption de la PrEP en Afrique subsaharienne, a déclaré le Dr. Koss

Dans le cadre des activités de dépistage du VIH au niveau de la population, les membres de la communauté ont été invités à nommer des contacts sociaux dans l’un de ces cinq domaines: santé, argent, soutien émotionnel, nourriture ou temps libre. Si les chercheurs ont enregistré les réseaux sociaux de 220 332 personnes, leur analyse s’est concentrée sur 8898 personnes évaluées comme présentant des risques élevés de VIH et ayant au moins un contact dans le réseau. Ce groupe avait une moyenne de 2,15 connexions par personne

Parmi cet échantillon, 14% avaient un contact dans leur réseau qui avait commencé la PrEP l’année précédente et 18% étaient en contact avec une personne séropositive. Au total, 29% des 8898 participants ont commencé la PrEP eux-mêmes.

Les chercheurs ont cherché à savoir si le fait d’avoir un contact sous PrEP dans leur réseau permettait de prédire l’adoption de la PrEP chez un individu. Après avoir pris en compte les facteurs tels que l’âge, le sexe, le fait d’avoir un partenaire séropositif, la polygamie et la mobilité (facteurs prédictifs connus de l’adoption de la PrEP), la réponse a été positive – ils étaient 57 % plus susceptibles de commencer à prendre la PrEP eux-mêmes.

« Les interventions qui s’appuient sur les réseaux sociaux existants et renforcent les liens sociaux avec d’autres utilisateurs de PrEP sont des approches prometteuses pour favoriser l’adoption de la PrEP », a conclu Dr. Koss.

 

L’approche de l’ARN messager (ARNm) déjà utilisée pour les vaccins très efficaces Pfizer-BioNTech et Moderna COVID-19 s’est également montrée prometteuse pour la protection contre le VIH, selon une présentation du Congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021).

Le Dr Peng Zhang, de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), et ses collègues, en collaboration avec Moderna, utilisent des nanoparticules lipidiques, ou petites particules de graisse, pour délivrer des petits brins d’acide nucléique qui communiquent les instructions pour la fabrication de protéines. L’ARNm est présent dans toutes les cellules et joue un rôle de messager, d’où son nom.

Dans cette étude, sept singes macaques ont reçu l’un des deux régimes de vaccination, tandis que sept autres ont reçu des injections de placebo.

Tout d’abord, trois injections d’un vaccin contenant de l’ARNm pour le VIH de sous-type B, le type prédominant en Europe et en Amérique du Nord, ont été administrés à tous les singes sur 20 semaines. Ensuite quatre injections d’un deuxième vaccin mélangeant l’ARNm des sous-types A et C du VIH, prédominants en Afrique orientale et australe, ont été administrés sur 20 semaines. Trois singes ont également reçu des boosters de protéines.

Les singes ont ensuite été exposés par voie rectale à un virus hybride VIH / SIV chaque semaine pendant 13 semaines.

Les sept animaux du groupe placebo ont été infectés en un mois et demi environ, à partir de la deuxième exposition. Tous les singes vaccinés sont restés indemnes de VIH simien pendant environ le premier mois, mais ont ensuite commencé à être infectés; cependant, quelques-uns n’étaient toujours pas infectés à deux mois, après toutes les expositions.

Il y a eu une réduction de 85% du risque d’infection global: une réduction de 76% pour les singes qui avaient reçu les vaccins ARNm seuls, et une réduction de 88% pour ceux qui avaient reçu les vaccins ARNm plus les rappels.

 

Carlos del Rio, Diane Havlir, Charles Flexner, Francois Venter, Hyman Scott, Nittaya Phanuphak (de haut en bas, de gauche à droite) la CROI 2021.
Une table ronde organisée lors du Congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021) a souligné l’importance d’avoir des médicaments injectables contre le VIH qui soient pratiques et abordables. La discussion a porté notamment sur les difficultés d’ordre opérationnel, en particulier dans les pays à ressources limitées.

Le professeur Diane Havlir a déclaré que, si les progrès réalisés dans le traitement du VIH au cours de la dernière décennie avaient été dominées par les inhibiteurs d’intégrase et les schéma posologique à dose unique, la prochaine décennie promet d’être l’ère des médicaments à libération prolongée.

Le professeur François Venter a observé qu’en Afrique du Sud, les patients étaient très enthousiastes à l’égard des molécules à libération prolongée. En contrepartie, les prestataires des soins de santé se préoccupaient davantage des difficultés d’ordre opérationnel. Le programme de traitement antirétroviral couronné de succès de l’Afrique du Sud est le plus important au monde et pour s’adapter au traitement injectable, les flux de travail dans les cliniques surchargées devront être repensés. M. Venter s’est montré plus ouvert aux avantages potentiels de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) injectable, étant donné le nombre limité de personnes qui ont eu accès à la PrEP par voie orale jusqu’à présent.

La première formulation à libération prolongée de la PrEP, le cabotégravir injectable, pourrait être commercialisée à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine. On ne connait pas encore son coût.

Une analyse présentée à la CROI 2021, par le Dr Anne Neilan de l’Hôpital général du Massachusetts a montré que pour être rentable aux États-Unis, le médicament devrait coûter au maximum moins de la moitié du tarif en vigueur pour l’association injectable cabotégravir/rilpivirine (Cabenuva), qui est autorisée pour le traitement du VIH.

Pour être plus rentable que le générique fumarate de ténofovir disoproxil/emtricitabine (TDF/FTC) (qui coûte 8 300 dollars par an aux États-Unis), le cabotégravir injectable (CAB-LA) ne devrait pas coûter plus de 11 600 dollars. À ce prix, il coûterait un peu moins de 100 000 dollars par année de vie supplémentaire ajustée à la qualité, ce qui correspond au seuil maximal de ce qui est généralement considéré comme rentable aux États-Unis.

En Europe et ailleurs, le TDF/FTC générique peut être acheté pour environ 300 à 900 dollars par an. Bien qu’il n’ait pas été analysé par l’équipe de Neilan, le modèle implique qu’en raison de l’efficacité supérieure du cabotégravir à libération prolongée pour la prévention du VIH, il pourrait continuer à être rentable, ou économique à long terme, en Europe, mais seulement à un prix d’environ 2000 à 3000 dollars par an.

Une autre étude présentée à la CROI a révélé que les injections de cabotégravir (Vocabria) et de rilpivirine (Rekambys), administrées toutes les quatre ou huit semaines en traitement du VIH, ont permis de maintenir la suppression virale tout au long des deux ans de suivi de l’étude.

L’Agence européenne des médicaments a approuvé l’association injectable en décembre 2020, à la fois en traitement mensuel et en traitement bimensuel. Cependant, les régulateurs aux États-Unis et au Canada (où les injections sont commercialisées ensemble sous le nom de Cabenuva) n’ont approuvé que le traitement mensuel.

L’étude ATLAS-2M a porté sur 1 045 participants à qui on a administré au hasard soit des injections de 400 mg de cabotégravir et 600 mg de rilpivirine toutes les quatre semaines, soit 600 mg de cabotégravir et 900 mg de rilpivirine toutes les huit semaines. Après deux ans, 90,2 % des participants du groupe recevant une injection mensuelle et 91,0 % de ceux recevant une injection tous les deux mois ont maintenu une suppression virale.

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Les programmes africains de lutte contre le VIH se montrent résilients pendant la pandémie de COVID-19
Dr Tiffany Harris présente à la CROI 2021.
Des données provenant de plus de 1000 établissements de santé dans onze pays d’Afrique subsaharienne ont observé un effet transitoire de la pandémie de COVID-19 sur les services de lutte contre le VIH, suivi d’une reprise rapide, a-t-on appris la semaine dernière lors de la CROI 2021.

Les données ont été recueillies entre octobre 2019 et septembre 2020 auprès des établissements de santé auxquels ICAP, de l’Université de Columbia, apporte un soutien technique, grâce à un financement du PEPFAR. Les mesures de contrôle du COVID-19 ont été introduites dans la plupart des pays en mars 2020, à la fin du deuxième trimestre analysé.

Si on compare la période janvier-mars à avril-juin, on constate une baisse de 3,3 % du nombre de personnes dépistées pour le VIH, une baisse de 9,5 % du nombre de personnes ayant reçu un diagnostic positif et une baisse correspondante de 9,8 % du nombre de personnes commençant un traitement contre le VIH.

On a vu un rebond rapide le trimestre suivant (juillet-septembre), avec une augmentation de 10,6 % du nombre de tests de dépistage, de 9,0 % du nombre de diagnostics positifs et de 9,8 % du nombre de personnes commençant un traitement.

Le nombre total de personnes sous traitement antirétroviral n’a pas diminué au cours de l’année et a même augmenté régulièrement, passant de 419 028 à 476 010 personnes. Dans l’ensemble, plus de 60 % d’entre elles ont bénéficié d’une analyse de la charge virale et la suppression virale a augmenté, passant de 87,5 % à 90,1 %.

Un patient de São Paulo a de nouveau une charge virale détectable
Dr Ricardo Diaz présente à la CROI 2021.
Un Brésilien qui, l’été dernier, ne présentait aucun signe de VIH résiduel après avoir arrêté son traitement antirétroviral pendant plus de 15 mois, a de nouveau une charge virale détectable quelques mois plus tard, a-t-on appris lors de la conférence.

Afin de réduire la taille du réservoir de VIH, l’homme avait reçu une multithérapie intensifiée (cinq antirétroviraux et de la nicotinamide) suivi d’une interruption de traitement étroitement surveillée. Lors de la conférence AIDS 2020, on avait signalé qu’il présentait un ARN du VIH indétectable, un ADN du VIH indétectable et un faible taux d’anticorps anti-VIH.

Cependant, quelques mois plus tard, les réponses immunitaires à médiation cellulaire ont progressivement disparu. Il a également développé plusieurs symptômes et présentait à nouveau un ARN détectable.

La souche émergente du VIH présente des différences génétiques par rapport à la souche initiale, et la raison de ce phénomène n’est pas encore claire. Il pourrait s’agir d’une évolution virale dans l’organisme du patient, d’une réinfection par une nouvelle souche ou de la réémergence d’une souche différente provenant d’une double infection antérieure.

La chirurgie d’affirmation de genre est associée à une suppression virale soutenue
Dr Cristina Rodriguez-Hart (à droite) présente à la CROI 2021.
La suppression virale chez les personnes transgenres inscrites à Medicaid et résidant à New York a augmenté après une chirurgie d’affirmation du genre, selon une recherche présentée à la CROI 2021. La chirurgie d’affirmation du genre a été associée à une meilleure suppression virale parmi les groupes qui ont tendance à avoir de faibles taux de suppression virale – les personnes noires, les jeunes et les transgenres des quartiers très pauvres.

Les chercheurs ont comparé les résultats de la suppression virale entre les personnes transgenres ayant accès à Medicaid et ayant eu une forme quelconque de chirurgie d’affirmation du genre, celles n’ayant pas accès à Medicaid et les hommes et femmes cisgenres.

Sur les 1 730 personnes transgenres séropositives inscrites à Medicaid, un peu moins de  11 % avaient eu recours à la chirurgie d’affirmation du genre pendant la période d’étude.

Pour les personnes transgenres inscrites à Medicaid, on a constaté une augmentation de 13% de la suppression virale entre 2013 et 2017, 75% d’entre elles ayant atteint la suppression virale en 2017. Cependant, la suppression virale pour ce groupe dans son ensemble est restée inférieure à celle des personnes transgenres non inscrites à Medicaid (83 %), des femmes cisgenres (82 %) et des hommes cisgenres (86 %).

Les personnes transgenres qui avaient eu recours à une chirurgie d’affirmation du genre étaient l’exception : en 2017, 85 % d’entre elles avaient atteint la suppression virale. Dans ce groupe, 57 % étaient noires, 22 % étaient âgées de 20 à 29 ans et 44 % vivaient dans des quartiers très pauvres.

La suppression virale est passée de 66 % deux ans avant la chirurgie à 77 % un an avant. Elle est passée à 86 % un an après l’opération et est restée élevée à 88 % deux ans après l’opération.

Des données anecdotiques suggèrent que les chirurgiens exigent souvent que les personnes soient sous suppression virale avant l’intervention. Les données suggèrent que la suppression virale ainsi obtenue se maintient dans le temps.

Deux études présentées à la CROI 2021 ont examiné l’interaction entre l’hormonothérapie d’affirmation du genre et la prophylaxie de pré-exposition au VIH (PrEP). Dans les deux études, de jeunes hommes et femmes transgenres âgés de 16 à 24 ans qui prenaient déjà une hormonothérapie – la moitié d’entre eux étant des femmes prenant des œstrogènes et l’autre moitié des hommes prenant de la testostérone – ont ensuite commencé à prendre sous observation directe une PrEP quotidienne par voie orale à base de ténofovir/emtricitabine.

La première étude s’est portée sur le taux d’hormones et a permis de rassurer que le taux n’était pas significativement plus bas, que ce soit chez les hommes ou les femmes.

La deuxième étude s’est intéressée à l’effet de l’hormonothérapie sur les taux de PrEP. Bien que le taux intracellulaire des médicaments de PrEP, le fumarate de ténofovir disoproxil et l’emtricitabine, ait été plus faible chez les femmes trans que chez les hommes trans, il se situait toujours dans la fourchette des taux observés dans des études similaires de PrEP directement observée auprès des personnes cisgenres.

Quels sont les rôles du TAF et des inhibiteurs d’intégrase dans le gain de poids ?
Flotsam/Shutterstock.com.
Le ténofovir alafénamide (TAF) a été associé à une prise de poids dans trois grandes études, présentées à la CROI 2021, portant sur des personnes qui avaient changé de traitement contre le VIH. Chaque étude a identifié le TAF comme contribuant au gain de poids mais les résultats sur le rôle des inhibiteurs d’intégrase sont contradictoires.

Le TAF, en association avec l’emtricitabine, fait partie de plusieurs associations antirétrovirales couramment prescrites et a émergé dans plusieurs études comme un facteur de risque indépendant de gain de poids.

Les trois études présentées lors de la CROI 2021 ont porté sur des personnes qui ont changé de traitement, et non sur des personnes venant de commencer un traitement, ce qui permet d’exclure tout effet de « retour à la santé » associé à l’initiation du traitement.

Une analyse de l’étude de cohorte RESPOND a porté sur 14 703 personnes en Europe et en Australie.

Les participants ont été suivis pendant une durée médiane de 2,6 ans et un peu plus de la moitié d’entre eux (54 %) ont pris du poids, équivalent à au moins 7 % de leur indice de masse corporelle (IMC). Quatre médicaments antirétroviraux ont été associés à un risque accru de gain de poids dans l’analyse multivariée : les inhibiteurs d’intégrase dolutégravir et raltégravir, l’étravirine, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse, et le TAF, un inhibiteur nucléotidique de la transcriptase inverse.

Les probabilités de gain de poids associées au dolutégravir et au TAF étaient plus élevées lorsque les deux médicaments étaient utilisés ensemble, mais le dolutégravir et le TAF étaient tous deux indépendamment associés à des risques plus élevés de gain de poids,  équivalent à au moins 30 % de l’IMC.

Pour examiner comment l’utilisation antérieure du ténofovir, ou le passage du TDF au TAF, affectait le gain de poids chez les personnes prenant un inhibiteur d’intégrase, le professeur Grace McComsey et ses collègues ont étudié 2 272 personnes, prises en charge dans de grandes cliniques des États-Unis et de Londres.

Tous les participants avaient une charge virale contrôlée et sont passés à un nouveau traitement d’inhibiteur d’intégrase, y compris 64 % d’entre eux qui avaient été précédemment sous un inhibiteur d’intégrase différent. 47% sont passés du TDF au TAF en même temps. Les participants ont pris en moyenne 1,3 kg dans l’année qui a suivi le changement, sans qu’il y ait de différence dans la prise de poids moyenne entre les inhibiteurs d’intégrase.

Un gain de poids d’au moins 10 % était plus probable chez les femmes, les personnes dont le poids était insuffisant ou normal au départ, celles passant d’un traitement antérieur sans intégrase et celles passant du TDF au TAF.

Une analyse de l’étude américaine HIV Outpatients (Patients ambulatoires) a montré que le changement vers un inhibiteur d’intégrase était indépendamment associé à un gain de poids et que le gain de poids le plus important se produisait dans les huit premiers mois suivant ce changement. Par la suite, la prise de poids supplémentaire était largement attribuable à l’utilisation du TAF.

Le schéma thérapeutique de quatre jours de traitement et trois jours sans semble toujours efficace après deux ans.
Dr Roland Landman présente à la CROI 2021.
La prise d’antirétroviraux quatre jours consécutifs par semaine, suivie d’une pause de trois jours, a permis de maintenir la suppression virale aussi bien qu’un traitement quotidien, selon les résultats du suivi de 96 semaines présentés à la CROI 2021.

À l’ère du traitement antirétroviral efficace, des efforts sont en cours pour permettre aux personnes séropositives de prendre des médicaments moins souvent. L’étude QUATOR a cherché à savoir si les personnes ayant une charge virale indétectable pouvaient maintenir la suppression virale en prenant des médicaments seulement quatre jours par semaine. En cas de succès, cette approche permettrait non seulement de faire une pause dans le traitement, mais aussi de réduire le coût du traitement d’environ 40 %.

Les participants à l’étude prenaient une variété de traitements antirétroviraux. Un peu moins de la moitié (48 %) prenaient un inhibiteur d’intégrase, le plus souvent l’elvitégravir ou le dolutégravir ; 46 % utilisaient un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INNTI), le plus souvent la rilpivirine ; et 6 % un inhibiteur de protéase, le plus souvent le darunavir.

Pendant les 48 premières semaines, 636 participants ont été répartis de manière aléatoire pour soit continuer le même traitement quotidien, soit prendre leurs médicaments actuels pendant quatre jours consécutifs (du lundi au jeudi) suivis de trois jours de repos. À partir de la semaine 48, les deux groupes ont suivi le traitement de quatre jours consécutif suivi de trois jours de repos, pendant 48 semaines supplémentaires.

Après 96 semaines, 92,7% des personnes initialement randomisées dans le groupe des quatre jours et 96,1% de celles qui sont passées d’un traitement quotidien à un traitement intermittent avaient toujours une charge virale indétectable. Le taux d’échec virologique est passé à 4,2% et 2,0%, respectivement. Cependant, dans le groupe de quatre jours, ce taux dépendait des médicaments utilisés : 5,3 % pour ceux qui prenaient des INNTI et 2,4 % pour ceux qui prenaient des inhibiteurs d’intégrase.

De nouvelles mutations de pharmacorésistance ont été détectées chez 7 des 19 personnes chez qui le traitement de quatre jours a entrainé un échec virologique.

Les chercheurs ont conclu que l’efficacité du traitement de quatre jours suivi de trois jours de repos s’est maintenue pendant 96 semaines avec un faible taux d’échec virologique, en particulier chez les personnes utilisant des inhibiteurs d’intégrase.